Aborder des sujets difficiles


01.08.16 - Vos collaborateurs ne travaillent plus comme auparavant et ont un comportement inhabituel ? Vous soupçonnez un problème de dépendance ?



En parler sans attendre sur le lieu de travail peut se révéler efficace.

En moyenne, 5 % des collaborateurs d’une entreprise, à tous les niveaux de la hiérarchie, ont besoin d’un traitement en lien avec leur consommation d’alcool, et 10 % présentent une consommation à  risque. Les problèmes d’alcool et d’autres dépendances ont une incidence sur le quotidien professionnel, accroissent les frais de fonctionnement et compromettent la sécurité au travail.
Nous avons évoqué ces questions avec Andrea Müller, ancienne dessinatriceconstructrice sur métal et actuellement spécialiste de la prévention à la Zürcher Fachstelle für Alkoholprobleme.

Rencontre-t-on souvent des archétypes de comportement chez les personnes concernées ?
Oui. Plus la consommation d’alcool est problématique au travail ou pendant le temps libre, plus cela se traduit par un comportement préoccupant au quotidien, au travail comme en dehors. Il est important de garder à l’esprit qu’un comportement inhabituel peut dissimuler d’autres problèmes, par exemple une situation de crise psychologique liée à une séparation. Les absences peuvent devenir plus fréquentes, la personne peut se montrer plus irritable que de coutume... Le motif des changements observés doit être déterminé dans le cadre d’un entretien. Dans le cas des problèmes d’alcool, la plupart des personnes trouvent des prétextes pour ces changements. Il faut considérer cette attitude comme une partie du problème. Il ne faut pas s’engager dans un rapport de force, mais il plutôt s’en tenir à ses observations.

Quelles sont les conséquences de la dépendance au niveau professionnel ?
Les problèmes liés à la consommation d’alcool prennent des formes très diverses dans l’entreprise. Les supérieurs s’inquiètent, à juste titre. Si la personne consomme de l’alcool pendant son temps libre, les cadres ne sont pas responsables, mais dès que la consommation a des répercussions sur le travail, il faut agir. La loi les oblige à prendre toutes les mesures ou à effectuer toutes les interventions nécessaires pour garantir durablement la santé et la sécurité de leurs employés. Du reste, lors d’un apéritif organisé dans les locaux, si une personne boit un peu trop, il faut s’assurer qu’elle rentre chez elle en toute sécurité. En cas d’accident, cela pourrait créer des difficultés avec l’assurance.

Que doit faire un cadre s’il soupçonne un abus d’alcool ?
S’il constate un changement au niveau du travail ou du comportement de la personne, des détails inhabituels sur le plan physique ou émotionnel, ou encore des indices clairs, il doit aller trouver cette personne et chercher à lui parler. Il faut évoquer le plus tôt possible les changements observés, car l’employé a ainsi le plus souvent encore la force de se corriger lui-même. Au cours de cet entretien, vous devez mettre l’accent sur vos inquiétudes, vos attentes, votre appréciation de la personne ainsi que vos espoirs de changement. Nous recommandons une série d’entretiens systématiques et progressifs.

Comment les cadres peuvent-ils se faire aider sur ces questions ?
Les formations continues ou les conseils gratuits que nous proposons visent à fournir aux cadres dirigeants des outils, tels que des conseils pour les entretiens ou la série d’entretiens progressifs. Nous recommandons de suivre une formation continue, qui présente des mesures de prévention à mettre en oeuvre dans l’entreprise pour la santé et la sécurité.
Voici quelques exemples de notre large gamme de formations :

  • Substanzmissbrauch, wie spreche ich diesen an? (abus de substances : comment en parler ?) mardi 15 novembre 2016
  • Conseil et écoute gratuits par téléphone, 043 444 77 21
  • D’autres offres à Zurich sont disponibles sur le site www.zfa.ch
  • www.suchtberatungzh. ch/fachstellen_kanton_zuerich
  • www.infoset.ch
  • www.indexaddictions.ch

L’accompagnement et le traitement des personnes présentant une consommation d’alcool ou de médicaments à risque sont en outre les activités principales de notre équipe de conseillers. Si vous vous inquiétez pour vous-même ou pour un de vos proches, n’hésitez pas à nous contacter.

Qu’est-ce qui vous a incitée à abandonner votre métier de dessinatrice-constructrice sur métal pour passer au domaine social et à la prévention de la dépendance ?
Le contact humain me manquait. Je travaillais n effet toujours devant cette « boîte » avec le logiciel de CAO et les logiciels de calcul. Pendant mon apprentissage, j’ai aimé travailler dans les ateliers et sur les chantiers. Je devais aussi aller chercher des bouteilles de bière et des sandwiches géants pour les pauses des monteurs de charpentes métalliques. Travailler dans cet univers d’hommes m’a plu, car ils se sont bien occupés de moi, mais il était difficile d’y envisagerun poste à temps partiel. La pression du temps sur les effectifs était également une source d’inquiétude pour l’avenir. Un stage avec des jeunes m’a permis de me rendre compte que le travail dans le domaine social m’apportait beaucoup de satisfaction, et m’offrait de nombreuses possibilités de travail à temps partiel. J’ai donc dû entamer un long parcours de reconversion pour devenir travailleuse sociale. J’ai d’abord passé plusieurs années en milieu scolaire, car j’aime travailler avec les enfants et cela me permettait de passer toutes les vacances scolaires avec ma fille. Mais lorsque celle-ci a commencé son apprentissage professionnel, j’ai voulu travailler avec des adultes. J’avais beaucoup apprécié le travail sur laprévention durant mes années en milieu scolaire, et je voulais donc fournir moins de conseils, mais davantage de formations.
Mon expérience des secteurs de la construction métallique, du bureau au chantier, m’a permis de comprendre la vie de bon nombre de familles dans mon activité de spécialiste de la prévention. J’espère à présent pouvoir donner beaucoup de conseils et voir un grand nombre d’inscriptions aux formations à venir. Je serais ravie d’avoir un aperçu de la diversité du monde actuel du travail des constructeurs métalliques, des maréchaux-ferrants et des
techniciens agricoles.

Retour à la liste